RECENSEMENT GENERAL DE L'AGRICULTURE 2000 - SITUATION EN 2000
 
ALLER A : Drainage - Irrigation - STH - Fourrages - Maïs
 
La dimension environnementale du développement agricole n’est pas abordée par les statistiques du RGA 2 000. C’est dans la perspective de servir la réflexion que pourraient entreprendre les services de l’Etat et les organismes agricoles départementaux ou régionaux, qu’une courte remise en perspective des risques à l’échelle régionale est tentée ci-après.

L’angle privilégié ici est celui de la ressource en eau. Les évolutions, aménagements et productions à risques sont examinées dans une logique d’émergence de secteurs sensibles où des analyses détaillées seraient à mener.

Ces éléments distinguent les cantons les plus exposés pour les paramètres les plus pénalisants, ils restituent les « effets de masse » susceptibles d’impact fort à l’échelle d’un bassin versant et de son linéaire de cours d’eau, ou d’une nappe souterraine.

Pour une information complémentaire sur l’eau en région Centre, il y a lieu de se reporter aux rapports annuels de la DIREN CENTRE sur l’état des milieux aquatiques. Le rapport régional de la campagne 2000 de surveillance des nitrates peut aussi être consulté dans cette perspective.

 
L'EXTENSION MASSIVE DES DRAINAGES
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34 cantons peuvent être qualifiés de « très drainés». Ils affichent de 5 000 à 17 000 hectares par canton et cumulent 292 000 ha de superficie aménagée. Il faut ajouter que 107 cantons ont déjà drainé un espace de 500 à 5000 hectares ; ils représentent un drainage total de plus de 96 000 hectares. Enfin, le phénomène du drainage des sols n’a que peu affecté 44 cantons, où moins de 500 ha drainés ont été recensés en 2 000 par canton.

Il serait justifié de replacer dans l’espace et par bassin versant chaque impluvium d’un millier d’hectares drainés, dont les transferts en nitrates, autres molécules et colloïdes sont établis par les expérimentations. Quoique le drainage n’aggrave pas les débits de pointe des plus fortes crues, son influence n’en est pas moins reconnue sur le régime hydrologique des cours d’eau ou la recharge des nappes.

Il est possible et nécessaire d’évaluer le risque par bassin versant pour tirer les conséquences d’un drainage à aussi grande échelle. L’impact de cet aménagement étant aussi indéniable qu’irréversible, il convient d’agir sur le plan des mesures compensatoires pour les milieux les plus affectés d’une part, et d’autre part sur en terme de prescriptions pour les nouveaux projets.

Un point remarquable de l’analyse cantonale du RGA 2 000, est le cumul de l’expansion du drainage et de l’irrigation dans certains cantons. Dans un tel contexte le cycle de l’eau, à l’échelle du basin versant, subit un double impact dont l’incidence mérite d’être évaluée de façon approfondie. La zone d’étude peut aisément être trouvée puisque 15 cantons ont développé en parallèle le drainage et l’irrigation sur des milliers d’hectares.

 
L'IRRIGABILITE DES CULTURES SUR LA MOITIE DU TERRITOIRE
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Les 487 000 hectares irrigables, en région Centre, sont principalement développés sur la moitié du territoire. En effet, l’irrigabilité des cultures atteint une proportion remarquable dans les cantons qui se sont équipés sur 5 000 à 28 000 hectares. Ce qui représente un espace cultivé irrigable qui atteint 289 860 hectares répartis sur 23 cantons.

101 cantons ont équipé plus d’un millier d’hectares chacun, qui composent ensemble un espace irrigable considérable de plus de 456 800 hectares. La sollicitation des masses d’eau à cette échelle ne peut qu’être encadrée en vue de maintenir les prélèvements dans un équilibre compatible avec les autres usages et les fluctuations de la ressource.

En fait, le développement de l’irrigation est conditionné à l’existence d’une ressource en eau initialement abondante et accessible, du moins à l’origine de son développement. L’essor de la pratique par de nombreux exploitants conduit à l’accroissement proportionnel des prélèvements qui transforment les équilibres entre les usages et peuvent affecter les niveaux de ressource minimum. Il y a donc une actualisation à mener sur l’ensemble de la région, avec une information sur les zones qui n’ont pas encore vécu de tension sur la ressource alors que les équipements se sont multipliés. Ce recensement (RGA2000) ouvre une perspective d’approche préventive et de prise de conscience de la dimension collective et géographique du phénomène de l’irrigation.


Cette perception globale des prélèvements potentiels et de leur évolution vient confirmer, et permet d’anticiper, ce que les phases de sécheresse ont révélé en Beauce en justifiant a posteriori la création d’un SAGE par exemple.

Par contre, il convient d’évoquer aussi les 84 cantons restants ( sur 185 ), qui ont investi chacun sur moins de 1 000 hectares et ils ne rassemblent que 30 000 ha irrigables environ.

 
TOUJOURS MOINS DE SURFACE TOUJOURS EN HERBE
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Les 236 000 hectares de surfaces toujours en herbe recensés par le RGA, représentent un ensemble devenu très diffus dans l’espace régional dévolu aux productions agricoles. En effet 119 cantons ne comptent plus qu’une surface toujours en herbe inférieure à un seuil de 1 000 hectares. Parmi eux 46 cantons en déclarent moins de 100 hectares.

Les surfaces toujours en herbes constituent des éléments du patrimoine naturel et rural, dont la disparition progressive expose à des risques nouveaux ou accrus dans leur ampleur. La réimplantation de bandes enherbées apparaît comme un pis-aller rendu nécessaire par cette régression des praires permanentes ; dont les conséquences à l’échelle des territoires concernés ne sont pas posées faute de données spécialement agrégées et configurées.

En tant que prairies permanentes riveraines des grands cours d’eau, elles composaient les champs naturels d’expansion des crues. Les productions qui leur sont substituées exercent en outre une pression plus forte sur la ressource en eau, avec des dommages plus onéreux à déplorer lors des crues.

Comme espace tampon, lorsqu’elles sont associées à des contextes naturels de zones humides, ces productions conservent la fonction épuratoire et régulatrice à l’échelle des bassins concernés. La régression en cours aggrave l’ampleur de la dégradation qualitative des eaux et multiplie les épisodes critiques.

La disparition de tels paysages à l’origine de l’image de marque de la production animale de certains terroirs, substitue une communication de crise environnementale faute d’accompagnement et de précaution, certainement préjudiciable à l’économie de l’élevage.

Enfin, il subsiste plus 1000 ha de « STH » dans seulement 66 cantons, mais dont seulement 11 cantons peuvent se prévaloir d’un potentiel préservé significatif de surfaces toujours en herbe de plus 5 000 hectares. C’est dans ces zones devenues rares qu’à titre de prévention il faudrait engager des mesures adaptées aux situations qui méritent d’être caractérisées de façon détaillée.

 
PLUS DE CULTURES POUR NOURRIR LES CHEPTELS
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Les 206 000 hectares de cultures fourragères pour la région sont à rapprocher des données relatives à l’élevage. Si elles se répartissent sur l’ensemble du territoire régional, elles n’excèdent pas 1000 hectares dans près de 129 cantons. On ne dénombre que 56 cantons avec plus de 1 000 ha à leur actif. De ce dernier ensemble, 10 cantons sont à distinguer car ils regroupent près de 71 000 ha de cultures fourragères.

Lorsque ces cultures ont été mises en place après drainage, et en succession à des surfaces toujours en herbe, il convient de veiller à ce que les exploitants maîtrisent les risques qu’ils ont créés. Il apparaît que la répartition des cultures fourragères ne correspond qu’en partie aux zones d’extinction de l’élevage privilégiant les surfaces toujours en herbe. Car il faut noter par ailleurs que les terres libérées par la régression des prairies permanentes peuvent être directement valorisées par les grandes cultures. C’est semble t-il le cas du Perche.

 
LE MAÏS, CULTURE PENALISANTE POUR L'EAU
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L’agriculture de la région Centre consacre 166 500 hectares à la production de maïs, qu’il s’agisse de production de grain ou de fourrage. Cette production fait l’objet de fréquentes observations quant à son incidence défavorable sur les milieux aquatiques. Son implantation sur les sols alluviaux, à proximité des cours d’eau et sur des parcelles souvent drainées et irrigables, confirme l’existence d’un risque élevé pour la ressource en eau.

En effet, le suivi sur trois années du premier programme d’action a montré que les pratiques de fertilisation du maïs étaient les plus excédentaires, en dépit des conseils agronomiques développés par les chambres d’agricultures.

En premier lieu, les risques liés à la culture du maïs sont fonction de l’ampleur de sa répartition dans les bassins versants. Cette distribution dans la région peut distinguer les cantons en trois catégories : la plupart (soit 127 cantons) regroupe 56 000 hectares, mais une superficie de production équivalente (soit 56 000ha) se retrouve également sur seulement 40 autres cantons. Il faut noter que 18 cantons concentrent à eux seuls la même surface de production de 54 000 hectares. Il y a donc dans ces derniers cantons matière à investir pour faire évoluer les pratiques à risque.

En second lieu une approche à l’échelle des bassins versants est à conduire afin de dresser un bilan réaliste de la situation de cette production en fonction de son implantation et de sa position aux cours d’eau les plus dégradés ou exposés.