RECENSEMENT GENERAL DE L'AGRICULTURE 2000 - EVOLUTION DE 1988 A 2000
 
ALLER A : STH - Fourrages - Maïs - Drainage - Irrigation - Expansion de l'irrigation - Comparaison Drainage / Irrigation
 

L’agriculture n’est pas une activité systématiquement polluante ; toutefois localement des pratiques ou équipements « à risques » se développent ou se concentrent et parfois le développement de divers investissements se cumulent. C’est plus particulièrement l’ampleur des transformations des productions, des équipements ou des aménagements, qui localement peuvent conduire à la rupture d’équilibre avec les capacités des ressources en eau et générer des effets sensibles sur la ressource en eau.

Localiser et nuancer les problématiques dans l’espace régional :

En première approche, cinq facteurs susceptibles d’affecter la ressource en eau justifient une approche géographique particulière. Il s’agit du drainage, de l’irrigation, des cultures fourragères et de maïs, ainsi que des surfaces toujours en herbe. Par leur expansion ou leur régression ces 5 composantes agricoles ont une influence sur la gestion quantitative et qualitative de la ressource en eau.

Une telle analyse géographique souhaite discerner la diversité des situations, que masque l’approche classique de filière qui reste plus globale et quantitative.En effet si des risques apparaissent ils ne s’expriment pas partout avec la même intensité ; tous les exploitants ne sont pas concernés au même degré par ces risques.


Les dynamiques cantonales remarquables :

La voie qui s’ouvre à l’agriculture en terme de développement durable suppose de mieux préciser les contextes au plus près des nappes d’eau ou des bassins versants. L’unité communale des données du RGA n’étant pas accessible à la Diren, c’est la donnée cantonale qui offre le niveau de précision le plus proche des entités hydrographiques. L’analyse par région agricole apporterai un potentiel d’investigation macro économique essentiel, mais il sort des ambitions mesurées et plus modestes de ce premier document.

L’activité agricole est décrite par le RGA sous une grande diversité des types de production aux quels répondent, sur le plan environnemental, une aussi grande diversité de risques. Dès lors il convient de privilégier une forme simple pour esquisser à grands traits une première description d’un état des lieux sur les 5 composantes majeures. C’est donc la mise en évidence de la diversité géographique qui est choisie avec un maillage cantonal pour chaque item. Pour chaque point, on peut rechercher des secteurs à fort développement où les risques cumulés sont avérés, des zones à expansion moyenne et graduelle puis des cantons à relatif désintérêt pour le facteur en cause et à faible évolution.

Focaliser l’attention en fonction de la pression sur le milieu :

Sous l’angle des risques pour l’eau et selon les facteurs, il apparaît que 10 à 30% du territoire seulement pourrait retenir l’attention et justifier des analyses plus approfondies. Il s’agit des contextes locaux où a eu lieu un très fort développement d’un facteur de risque ; ce qui laisse supposer des risques réels à vérifier localement. L’opportunité de mesures concrètes d’accompagnement de l’évolution agricole en cours peut s’imposer si l’on veut opter pour un développement durable de l’activité dans ces cantons.

Le cas particulier des cantons à très faible expansion des facteurs de risques est lui aussi instructif. Ils peuvent receler d’autres voies alternatives du développement agricole, des milieux naturels de référence à préserver, ou l’éventualité d’un développement similaire aux autres cantons mais en émergence plus lente.

Les espaces médians, situés dans les classes moyennes de développement des facteurs analysés, peuvent être revus sur une base communale plus précise, qui préciserai les contextes des bassins versants.


Associer et impliquer tous les niveaux contributifs :

Il convient de situer l’agriculteur à sa juste place dans les évolutions décrites par ce document. Il est à un bout de plusieurs chaînes de compétence et de responsabilité où chaque élément à sa part de contribution au phénomène.

Les entreprises distribuant les biens de consommation intermédiaire de l’agro-filière, mais aussi les entreprises de travaux d’aménagement ou d’équipement pour l’irrigation ou le drainage forment un niveau d’action souvent négligé et rarement associé à des réflexions globales. Pourtant le service de ces entreprises peut parfois aller jusqu’à la conception des projets et l’étude d’impact. Leur contribution aux problématiques posées dans certains cantons très drainés ou rendus très irrigables, sur des milliers d’hectares, des acteurs aussi concernés que les agriculteurs.

 
LES SURFACES TOUJOURS EN HERBE : UN INDICATEUR DE LA PRESSION DES MISES EN CULTURE
Retour en haut de pageAfficher la carte correspondante
 

Surface toujours en herbe par classe de superficie cantonale

Répartition des cantons par classes de surfaces en STH

Couleur
Superficie par canton
Cantons
Superficie totale de STH
 
5000 à 40000
11
82058
 
1000 à 5000
55
117215
 
500 à 1000
29
20893
 

100 à 500

44
14555
 
0 à 100
46
1595

TOTAL

 
185
236316

En région Centre, les 236 000 hectares toujours en herbe se répartissent essentiellement sur environ 30% des cantons. En fait le paysage n’est marqué par ces prairies permanentes que dans quelques cantons où la densité est encore suffisante. Ceci est peut être le cas pour la classe de superficie de plus de 5 000 ha par canton ; laquelle ne concerne que 6 % des cantons qui concentrent 35 % de la surface régionale.

Les espaces de production toujours en herbe ont totalement disparu du paysage de 25 % des cantons qui ne sont plus couverts que par 0,7 % de surfaces toujours en herbe. Il s’agit des secteurs de grandes cultures où tous les sols de production potentielle ont été convertis et aménagés, y compris les parcelles en bordure de cours d’eau. Ils sont pour la plupart classés en Zone Vulnérables, où se pose avec acuité désormais le problème de la couverture hivernale des sols.

Il y a certainement lieu de focaliser l’attention sur les cantons qui conservent de 1000 à 5000 hectares de surfaces toujours en herbe, qui sont exposés à évoluer vers la régression dans la décennie en cours. Il s’agit de 30 % des cantons où subsiste 49 % de la surface toujours en herbe.

Le phénomène de régression des praires naturelles, toujours en herbe, est le témoin de l’évolution de l’élevage, comme de la réorientation des éleveurs vers les grandes cultures. Au-delà des tendances de filières, il convient d’examiner la géographie de cette régression dans ces incidences sur l’environnement. Elles sont nombreuses et diversifiées, toutefois l’angle de la pollution diffuse est privilégié ici pour répondre à l’actualité, notamment celle du PMPOA ( Plan de Maîtrise des Pollutions d'Origine Agricole), ou celle des zones vulnérables.


L’élevage contre les prairies permanentes :

La dynamique de la régression s’avère localement forte pour 54 cantons qui ont ainsi sacrifié plus de 50 % de la superficie toujours en herbe. En particulier, 13 d’entre eux subissent une perte de plus de 75 % de cette STH. Parmi eux CLERY St André, aux côtés de communes urbaines et des communes de région de grandes cultures qui abandonnent et transforment les petites « surfaces toujours en herbes » relictuelles qui subsistaient encore. Par contre ces disparitions de prairies naturelles ne sont pas anodines pour la biodiversité, le patrimoine naturel ou le paysage.

Toutefois le phénomène prend une dimension quantitative plus massive et significative en dénombrant les superficies perdues par canton. De 1988 à 2000, ce sont 47 cantons qui ont perdu plus de 1000 hectares de surface toujours en herbe (STH). 6 cantons enregistrent une régression de plus de 2000 ha, six autres voient disparaître plus de 3000 ha et plus encore pour SAUZAIS le Potier avec St BENOIT du Sault où la STH a chuté de plus de 4 400 ha.

Ces secteurs d’élevage ne présentaient pas en 1988 un caractère trop intensif, ni un cheptel extrêmement important ; ils disposaient dès lors d’une ressource en eau souterraine ou superficielle peu dégradée en nitrates. Désormais, la pollution diffuse progresse et les captages d’eau potable voient les teneurs en nitrates s’accroîtrent, à l’instar des cours d’eau.

Une approche du potentiel de surfaces toujours en herbe, qui subsistait en 2000, fait apparaître 66 cantons conservant plus de 1 000 hectares. La plus grande part d’entre eux subit l’érosion rapide évoquée ; il semble nécessaire d’y engager l’observation de ce phénomène pour un suivi d’indicateurs spécifiques et continus.

Les parcelles converties portent des cultures fourragères ou d’autres cultures céréalières, quoiqu’il en soit le risque de pollution diffuse est désormais plus important.

 
LES CULTURES FOURRAGERES : UN PAS VERS LES GRANDES CULTURES
Retour en haut de pageAfficher la carte correspondante
 

Répartition des cantons selon les classes de surface en cultures fourragères

Surfaces en cultures fourragères par classe de cantons

Couleur
Classe de superficie fourragère par canton
Cantons
Superficie fourragère totale
  
5000 à 10000
10
70965
  
1000 à 5000
46
101975
  
500 à 1000
27
19048
  

100 à 500

48
12886
  
0 à 100
54
1340
TOTAL
  
185
206214
Ces cultures sont liées à l’élevage et à la régression des surfaces toujours en herbe, qu’elles ont en partie remplacé. Il paraît logique, à l’échelle de la région Centre, de les trouver concentrées sur quelques cantons. En effet, 5 % des cantons cumulent 34 % de la superficie totale.

Tandis qu’à l’opposé de cette concentration, les cultures fourragères ne couvrent que 1300 ha, soit 0.6 % de la superficie totale régionale sur un vaste espace territorial équivalent à 29 % des cantons. Ce sont les régions agricoles dédiées aux grandes cultures. Les élevages qui y sont implantés ont exceptionnellement recours aux surfaces toujours en herbe, mais plus certainement aux productions de maïs fourrage et à l’aliment industriel pour le bétail.

Une étape vers les risques :

La mise en culture à des fins de production de fourrage s'inscrit désormais dans un cadre cultural similaire à celui des grandes cultures. Il se caractérise par une constante recherche de gain de productivité pour répondre aux besoins d'un cheptel élevé de plus en plus en bâtiment et de moins en moins au pré. Cette orientation conduit les exploitations à optimiser la production de fourrage, puis à opter pour le drainage des sols qui est souvent associé au retournement des prairies permanentes. La dernière phase de ce processus est le passage aux grandes cultures qui fait cohabiter deux productions, que l’on pourrait qualifier de hors sols et industrielles, basées sur les engrais minéraux pour les cultures et les aliments manufacturés pour le bétail.
Plusieurs logiques se sont révélées antinomiques : conserver des superficies primables par les aides européennes, aménager les parcelles pour mécaniser et accroître la productivité des sols, préserver les milieux de production naturels ou traditionnels pour associer un label à un paysage.

Or cette lutte contre l’hydromorphie des parcelles argileuses ou inondables est un facteur clé de la régression des zones humides. En outre cette évolution, qui mène les cultures intensifiées toujours plus près des cours d’eau, accroît la pression sur la ressource en eau. L'évolution des cultures fourragères a donc suscité notre intérêt en vue de mieux connaître sa répartition en région Centre afin de la relier à l'évolution de la qualité de l'eau dans les bassins versants concernés.

Divers bassins sont concernés :

On trouve plus de 2 000 hectares de cultures fourragères dans 34 cantons de la région Centre, 10 d'entre eux en comptent de 5 000 à 10 000 ha. Les secteurs les plus couverts par ces cultures sont les bassins : du LOING (Seine-Normandie), du LOIR amont, de la grande SAULDRE, du BEUVRON, de l'AUBOIS ; mais aussi dans la région naturelle de la BRENNE et celle du sud du département de l'INDRE.

Noter qu’AIGURANDE et St BENOIT du SAULT sont les deux cantons où sont dénombrés plus de 10 000 hectares de cultures fourragères.

La dynamique globale est à la régression :

En effet la dynamique globale est à la régression des cultures fourragères avec une perte de près de 13 000 ha depuis 1988. Une réduction de plus de 50% affecte Romorantin, Salbris, Neung/beuvron, Chateauneuf en thymerais et Levroux. Les décroissances les plus fortes, à plus de 70 %, sont le fait d'extensions urbaines.

L'évolution quantitative des surfaces fourragères révèle donc une disparition très sensible des cultures fourragères du paysage des cantons situés au sud de la région Centre, pour les trois départements concernés. 20 cantons ont vu convertir plus de 500 hectares entre les deux recensements. Les plus remarquables sont : Ste SEVERE sur Indre qui a perdu plus de 3 000 ha et avec une perte supérieure à 1 000 ha Montrésor, Lorris, Sully/loire, Salbris, Mezières en brenne.

Quelques cantons se signalent par leur progression :

Dans l'autre sens, celui d’une dynamique de croissance, seuls 43 cantons affichent une progression sensible des cultures fourragères. En fait, 8 cantons présentent une progression supérieure à 60%. Les 6 autres voient progresser de plus de 100% leur superficie fourragère. Parmi ces dernières, les cantons du CHATELET (180%) et de CHATEAUMEILLANT (112%) portent les accroissements les plus substantiels. Sur un plan quantitatif, 15 cantons gagnent plus de 500 ha de cultures fourragères ; dont Saulzais le potier, Lignières, Eguzon, Le blanc qui gagnent 1 000 ha. AIGURANDE, LE CHATELET et St BENOIT du SAULT voient cette culture progresser de plus de 3 000 hectares.

Pour conclure, il faut convenir que ces évolutions en perte comme gain ne sont pas neutres quant à l'environnement. Les sols, le relief, et le climat local des secteurs traditionnels d’élevage sont susceptibles de contribuer de plus en plus aux pollutions diffuses. Les éleveurs abordant des cultures pour lesquelles ils sont moins biens formés ou expérimentés sont aussi plus enclins à forcer la fertilisation. Il convient donc de percevoir plus finement les conséquences de ces transformations des systèmes culturaux. Si l'on veut saisir dans sa complexité le phénomène en cours, lié à la filière de l'élevage ; il doit par ailleurs se croiser avec les données du Maïs et celles des surfaces toujours en herbe, voire les grandes cultures, la SAU et l’urbanisation.

Il conviendrait d’étudier plus spécialement, le cas où l’espace agricole dédié à l’élevage traditionnel est affecté par la régression des surfaces toujours en herbe d’une part et des cultures fourragères d’autre part. Les terres agricoles sont donc converties à d’autres productions avec une logique de grandes cultures, qui mérite une observation et un accompagnement adapté à la sensibilité de la ressource en eau. Le cas des petites régions agricoles du Perche semblent très affectées par ce processus.

 
LE MAÏS : TOUJOURS BIEN PRESENT DANS LA REGION
Retour en haut de pageAfficher la carte correspondante
 

Répartition des cantons par classes de surfaces en maïs

Superficies en maïs par classes cantonales de surface

Couleur
Superficie en maïs par canton
Cantons
Superficie totale de maïs
  
2000 à 5000
18
54010
  
1000 à 2000
40
56106
  
500 à 1000
52
39791
  

100 à 500

52
15921
  
0 à 100
23
723
TOTAL
  
185
166551

Canton
Pourcentage
Total maïs 2000
Total maïs 1988
Evolution du maïs (ha)
SANCOINS

30,91

487
372
115
CHATEAUNEUF SUR CHER
16,09
873
752
121
CHATEAUNEUF SUR LOIRE
8,72
1670
1536
134
CHARENTON DU CHER
45,24
610
420
190
LEVET
45,05
776
535
241
MEHUN SUR YEVRE
54,05
912
592
320
LIGNIERES
107,89
790
380
410
LURY SUR ARNON
77,12
1378
778
600
BAUGY
53,42
3992
2602
1390
La production du maïs est souvent présentée sous deux entités distinctes, le grain d’une part et le fourrage d’autre part, qui ne permettent pas d’évaluer globalement l’extension de cette culture. Pourtant les pratiques culturales liées à la production de maïs peuvent avoir des incidences significatives sur la qualité de l’eau et l’environnement. Ainsi les cartes de ce document représentent la culture de maïs quel qu’en soit la finalité.

Cette culture à double vocation se trouve donc implantée à la fois en zone de grandes cultures et en zone d’élevage. Dans ce dernier secteur, elle entre dans le cadre du développement des cultures fourragères, aux dépens des surfaces toujours en herbe. Cette situation doit être examinée avec attention en relation avec les éléments relatifs à l’économie de l’élevage et au PMPOA. L’équilibre et l’évolution des productions, comme du paysage des cantons concernés, sont essentiels pour la préservation de l’environnement.

Les 166 500 hectares de culture du maïs, pour le grain ou le fourrage, sont globalement répartis de façon assez équilibrée sur l’ensemble de la région Centre. En effet si l’on excepte les classes de plus haute et de plus faible intensité de la répartition des cultures de maïs, on note que 67% des superficies de maïs ( 111 818 ha ) se répartissent sur 78% des cantons de la région (soit 144 ). L’incidence de la conduite de la fertilisation est donc bien un phénomène général et déterminant en région Centre.

Une présence significative du maïs est relevée sur seulement 10% des cantons qui concentrent 32% des surfaces cultivées en maïs. Une approche focalisée sur les 54 000 hectares de maïs répartis dans ces 18 cantons permettra d’apprécier plus finement les relations entre ce type de culture et les cours d’eau concernés.

Les cultures de maïs sont rares et discrètes dans 12% des cantons qui cumulent moins de 1% des surfaces en maïs. Seuls 700 hectares y sont répartis dans 23 cantons, et l’on pourra peut-être y trouver des références de milieux aquatiques non exposés à cette culture.

Certes, cette production se révèle en régression globale dans la région Centre. Mais des exceptions divergentes sont à signaler, puisque 22 cantons connaissent une expansion sensible de production. Parmi eux 9 cantons affichent une progression de plus de 30% des superficies qui sont dédiées au maïs. Cette extension peut représenter plusieurs centaines d’hectares tel que sur MEHUN sur Yèvre ( 320 ha ), LIGNIERES ( 410 ha ), LURY sur Arnon (600 ha) et BAUGY (1390 ha). La dynamique de ce phénomène localisé, d’augmentation de surface drainée traduite en pourcentage, fait l’objet d’une carte.

L’ampleur de l’évolution à la baisse des surfaces de production de maïs est illustrée par une autre carte spécifique, où l’on peut discerner aussi les accroissements sensibles de superficie dans les neuf cantons concernés.

A l’échelle de la région Centre, les productions actuelles de maïs restent toutefois conséquentes et leur contribution aux risques de pollution diffuse n’est pas négligeable. C’est notamment la production agricole dont l’évolution des pratiques de fertilisation est la moins avancée, sinon la plus rétive à maîtriser ses excédents d’azote. Le graphique ci-après montre que le bilan du suivi, sur trois ans, du programme d’action en zone vulnérable révèle que les producteurs de maïs se singularisent par les plus grands écarts au conseil dans toute la région. Cette situation est particulièrement dommageable lorsque les parcelles exploitées sont à la fois drainées et à proximité des cours d’eau.

 
LE DRAINAGE : UN IMPACT QUI N’EST PLUS NEGLIGEABLE
Retour en haut de pageAfficher la carte correspondante
 

Répartition des cantons par classe de surface drainée

Surfaces drainées par classes de superficies cantonales

Couleur
Superficie par canton
Cantons
Superficie drainée totale (ha)
  
5000 à 17000
34
291997
  
1000 à 5000
84
227622
  
500 à 1000
23
16016
  

100 à 500

26
6485
  
0 à 100
18
491
TOTAL
  
185
542611
Plus de 542 600 hectares de terres agricoles sont désormais drainées en région Centre. Plus de la moitié ( 54 % ) de cette superficie drainée est concentrée sur 20 % des cantons de la région. C’est un espace considérable de 292 000 ha qu’il convient d’observer en détail dans ces 34 cantons, qui ont tous plus de 5 000ha drainés.

Cet impluvium aménagé et collecté par un réseau de drains, est susceptible d’influencer le cycle hydrologique à l’échelle des bassins versants ou des nappes souterraines concernées, en quantité comme en qualité. Les transferts de nitrates y sont accélérés et il convient d’en tirer des conséquences pour la conduite de la fertilisation sur ces sols, à classer en parcelle à risque élevé de pollution diffuse.

Un tel contexte montre que le drainage est un phénomène agricole majeur pour la région, caractérisé par une géographie bien différenciée dans l’espace. D’une part le rapprochement avec les zones vulnérable à pollution diffuse est expressif et appelle des mesures de précaution ; d’autre part la capacité d’extension est évidente, mais alors une évaluation des risques s’impose au titre de la prévention hors des zones vulnérables.

Le repérage des extensions du secteur drainé :

La progression des terres drainées est un phénomène engagé depuis plusieurs décennies en région Centre. En dépit d’une réduction progressive des financements incitatifs en région Centre, les données du RGA 2000 montrent que, sur les douze dernières années, les drainages ont poursuivis leur expansion. Il ne subsiste que 4 cantons ne déclarant aucune terre drainée, tandis que 9 cantons ont plus de 10 000 hectares drainés, et 3 d’entre eux ont drainé plus de 15 000 hectares.

Sur un plan dynamique, les cantons les plus marqués par cette évolution sont ceux qui ont étendu leur superficie drainée de plus de 70 % et qui cumulaient antérieurement plusieurs centaines d’hectares déjà drainés en 1988. Avec ce double critère, on trouve 19 cantons ayant augmenté leur superficie drainée à ce niveau exceptionnel de plus de 70 %.

Sur le plan quantitatif, la superficie supplémentaire drainée depuis 1988 fait apparaître plus concrètement le changement de paysage, ainsi que la transformation des conditions de ruissellement et d’écoulement des eaux et donc du transfert des pollutions diffuses. En premier bien sûr pour les cantons ayant l’évolution la plus forte. Ce sont 44 cantons qui ont vu leur surface drainée croître de plus de 1000 ha, 13 d’entre eux dépassent 2000 ha d’extension, et notons que Brou a vu se drainer 3070 ha supplémentaires, La Chatre 3378 et Montesor 4680 ha drainés de plus.

 

Plus globalement et en intégrant l’état avant 1988, la situation actuelle des superficies drainées peut être rapportée à la surface agricole utile ( SAU ). Cela met en évidence deux vastes secteurs régionaux particulièrement marqués par le drainage en région Centre qui influe nettement sur la qualité de l’eau. D’une part le département du Loiret se distingue par un vaste secteur significativement drainé des deux côtés de la Loire et de la forêt d’Orléans ; d’autre part il faut noter l’ampleur des terres drainées, en EURE et LOIR et en LOIR et CHER, dans le bassin versant du LOIR en particulier. Les cantons de BROU et DROUE étant drainés à plus de 75 % de leur SAU. Dès lors les pics de concentration en nitrates dans le bassin du Loir trouvent ici un élément tangible d’explication du phénomène, associant eaux souterraines et eaux superficielles, constaté à l’examen des données de la dernière campagne de surveillance des nitrates.

Ceci exprime aussi la confirmation du risque accru de pollution diffuses lié au déversement de flux importants qui via les drains accèdent directement aux cours d’eau ou à la nappe de Beauce lorsque les exutoires y sont injectés pour pallier l’absence de cours d’eau.

A titre d’information, la DIREN CENTRE avait pris l’initiative d’une synthèse, des points caractéristiques des risques de pollution diffuse liée au drainage, exposée aux services départementaux en octobre 2001. Les éléments de bilan des programmes d’action en zone vulnérable ont aussi montré le défaut de cultures pièges à nitrates. Ces parcelles drainées d’une part court-circuitent les bandes enherbées et d’autre part elles sont encore plus « vulnérables » et concernées en tant que composante majeure des fuites de nitrates. Dès lors les exploitants ayant fait le choix du drainage doivent assumer le risque et tenir compte des préconisations de pièges à nitrates.

Une évolution parfois modérée :

Les cantons plus au sud de la région, déjà évoqués, ont fait preuve d’une dynamique forte de drainage mais sans atteindre une part significative de la SAU. Ils révèlent certainement un changement radical des systèmes de production que d’autres paramètres viendront préciser. Néanmoins les risques pour les eaux et le milieu aquatique ont évolué et il convient d’apprécier ce changement de contexte pour en limiter les inconvénients. En effet l’objectif reste de préconiser des mesures de précaution réalistes et proportionnées aux risques réel et potentiel de chaque bassin versant en zone vulnérable.

Des espaces peu drainés subsistent néanmoins en région Centre. En effet, 24 % des cantons ( 44 ) ont drainé moins de 500 ha chacun et ne représentent que 7 000 ha, soit 1, 3 % de la superficie régionale drainée. En particulier Il faut noter que parmi eux se trouve un sous-ensemble de 18 cantons qui a drainé moins de 500 ha, soit 0,1 % de la surface drainée régionale.

 
L’IRRIGATION : PRES DES LIMITES DE LA RESSOURCE EN EAU
Retour en haut de pageAfficher la carte correspondante
 

Répartition des cantons par surface irrigable

Surfaces irrigables par classe de cantons

Couleur
Classes de superficie irrigable par canton
Cantons
Superficie totale irrigable (ha)
  
5000 à 28000
23
289860
  
1000 à 5000
78
167025
  
500 à 1000
28
20092
  

100 à 500

35
9928
  
0 à 100
21
399
TOTAL
  
185
487304
Les 487 300 hectares irrigables en région Centre, sont corrélés à la disponibilité des ressources en eau superficielles et souterraines, qui déterminent fortement la géographie de l’irrigation. En fait, le territoire régional est partagé en deux : 55 % des cantons comptent plus de 1 000 ha irrigués et les 45 % autres cantons sont sous ce seuil.

 

Le point essentiel réside dans le fait que 60 % des superficies rendues irrigables se concentrent sur 12 % des cantons de la région. C’est là que l’éco-conditionalité trouve sûrement tout son intérêt pratique. Il y a lieu de considérer particulièrement les cantons implantés hors du SAGE BEAUCE, où le suivi de la ressource en eau fait déjà l’objet d’un examen attentif.


 
L’EXPANSION DE L’IRRIGATION :
Retour en haut de page
 
L’irrigation devient un point majeur de la gestion équilibrée de la ressource en eau lorsqu’elle représente un volume de prélèvement dont l’ampleur devient significative et concurrence les autres usages, affecte la ressource ou les équilibres biologiques. La région Centre, quant à elle, dispose de ressources en eau suffisantes et compatibles avec une exploitation agricole qui reste maîtrisée. Toutefois la ressource en eau, essentiellement souterraine ( nappe de Beauce, Cénomanien, Albien,…) est partagée avec les départements des régions voisines. Une gestion concertée est donc dans l’ordre des choses.

Le développement de l’irrigabilité des terres agricoles connaît une répartition géographique calquée sur les grandes cultures céréalières. Ce phénomène est très nettement plus avancé en région Centre que dans les départements ou régions limitrophes. Sauf à l’ouest de l’Indre et Loire où une évolution similaire apparaît en Pays de la Loire et en Poitou Charente.

De très vastes espaces irrigués :

Les 487 000 hectares irrigables recensés en région Centre en 2 000 se répartissent selon des degrés variés d’expansion :

- 84 cantons ont moins de 1 000 ha irrigables, ils sont plus implantés en Sologne, dans la portion congrue du Perche d’Eure et Loir et en frange Sud-Est de la région ;
- 78 cantons ont déjà équipé de 1 000 à 5 000 ha, représentant 167 000 ha et répartis sur l’ensemble de la région;
- 23 cantons ont près de 290 000 ha irrigables, ils se situent en Beauce pour la plupart, tirant profit de la ressource en eau souterraine. Mais des cantons très équipés se distinguent aussi dans le bassin du Loing ( Fusain, … ), en rive gauche de la Loire en amont d’Orléans, ainsi qu’en rive droite du Loir (en Eure et Loir) où le mode de culture beauceron progresse nettement.

Des grandes cultures devenues irrigables :

Les 38 cantons où la surface irrigable excède 30% de la SAU, appellent plus particulièrement l’attention ( les cantons à moins de 1000 ha de SAU n’étant pas pris en considération ). L’essor des équipements d’irrigation est impressionnant par l’ampleur des superficies aménagées sur cette décennie. La dynamique de cette évolution, depuis le recensement de 1988, montre que le développement de ces équipements est lié en partie à la sécheresse qui a marqué la région Centre au début des années 90. Ceci laisse augurer un secteur économique, composés d’entreprises de forages et de fournitures, qui a accompagné cette évolution des grandes cultures.

En fait 17 cantons ont équipé plus de la moitié de la SAU cantonale et 6 d’entre eux dépassent désormais le seuil de 70% de la SAU. Les cantons rendus « irrigables » presque en totalité sont Orgères en Beauce 93%, Patay 85% et Arthenay 84.5%.

Cette évolution prend une dimension concrète si on examine les accroissements en surface irrigable des cantons. En effet sur la décennie, 51 cantons affichent une extension de plus de 1000 ha de leur superficie irrigable. Les extensions les plus remarquables excédent 5 000 ha pour les cantons suivants : Bonneval + 5 159 hectares, Pithiviers + 5 631 ha, Janville + 5 845ha, Anneau + 6 045 ha, Outarville + 9 180 ha.

Une dynamique parfois très marquée :

Les évolutions en pourcentage mettent en évidence la rapidité et surtout l’envergure qu’à prise cette évolution, qui a transformé radicalement les conditions de production, les niveaux des objectifs de rendements et les volumes d’eau prélevés pour la production agricole. Aussi convient-il de repérer les secteurs géographiques où l’irrigation s’est développée à l’échelle de certains cantons, à un point tel qu’il s’est agit d’une « petite révolution » pour les modes de production mais aussi pour la ressource locale en eau.

Une centaine de cantons en région Centre enregistrent des hausses sensibles des surfaces irrigables ( supérieures ou égales à 50 % ) de 1988 à 2000. Ces extensions rapides s’étendent sur toute la région. Elles témoignent d’une progression générale et très active de ces équipements. C’est une marque de la transformation des systèmes de production vers les cultures plus intensives, et qui se conjugue avec le drainage dans certaines régions agricoles. Le département de l’Indre est presque en totalité dans cette classe. La vallée du Loir est aussi le théâtre de changements radicaux, surtout en Loir et Cher. L’Indre et Loire est aussi dans cette logique de fort développement de l’irrigabilité. Enfin il faut relever que l’on dénombre 51 de ces cantons qui ont doublé leur superficie irrigable avec accroissement d’au moins 100 % mais avec une extension de plus de 1 000 ha.

Parmi ces cantons à forte expansion des surfaces irrigables, 11 cantons atteignent des progressions supérieures à 100 % depuis 1998. Lesquelles peuvent dépasser 200% ( Lury sur Arnon, Levroux, Illiers-Combray) ou 300% à Savigny sur Braye.

Deux situations sont discernables :

- D’une part les cantons nouvellement équipés qui affichent les rapports les plus saisissants + 384 % sur Droué et Savigny sur Braye qui passent de quelques centaines d’hectares équipés à plus de 1000 ha irrigués.

- D’autre part les cantons où l’équipement initial a enclenché un développement énergique + 262% sur le canton de Levroux où de 1000 ha en 88 on atteint 4 000 ha en 2000. Ainsi qu’à Brou avec une croissance de superficie irrigable de + 175% et une progression de 1000 à 3000 ha équipés.

C’est ainsi que globalement, l’expansion des terres irrigables a pris une ampleur notable dans certains cantons où elle relève d’un phénomène néanmoins rapide et massif. Les progressions remarquables en superficie irrigable sont : de 161% sur le canton de Châtillon Coligny ( qui atteint plus de 7 300 ha de surface irrigable), 143% sur Baugy ( 4 900 ha ), 121% sur Anneau ( 11 000 ha ), 75% sur Outarville ( 21 400 ha ), 60% sur Meung sur Loire ( 12 600 ha ), 50% sur Pithiviers ( 16 500 ha ).

Connaître et gérer le risque :

Avec une telle évolution, les prélèvements peuvent devenir trop massifs par rapport à une nappe peu capacitive ( jurassique ), ou en présence d’une ressource alluviale d’un bassin versant trop réduit. Dés lors la dégradation de la qualité chimique et biologique des eaux risquent de s’aggraver progressivement. Dans ces situations les services départementaux de police de l’eau et ceux chargés de l’agriculture doivent rechercher des éléments statistiques plus précis, en vue de construire des bases objective pour fonder une gestion concertée de l’eau dès qu’elle se justifie. La première phase tenant à la constitution d’un état global des prélèvements à l’échelle du bassin ou de la nappe peut se faire à partir de ce même RGA 2000 sur sa base communale.

Outre l’approche quantitative, il conviendrait d’aborder l’aspect qualitatif lié aux prélèvements. La qualité des ouvrages en matière de forage agricole est trop souvent négligée, l’état des installations reste à vérifier, la connexion de plusieurs nappes est parfois à déplorer, les effets de proximité entre forages et avec les cours d’eau présentent des risques particuliers. Ce sont autant de vecteurs suceptibles de contribuer à la dégradation de la ressource en eau.

Une irrigation modérée sur 40% des cantons :

Une vision globale et rapide montre à première vue, que la surface irrigable couvre moins de 30% de la Surface Agricole Utilisée dans près de 140 cantons de la région Centre. Dans cet ensemble, qui représente 77% des 180 cantons de la région Centre, l’équipement d’irrigation pourrait sembler équilibré. Dès lors, si on rapporte ce taux d’équipement à la ressource disponible et aux volumes utiles selon les productions, il semblerait y avoir place pour une implantation supplémentaire et significative. Mais une analyse plus détaillée avec un éventail de situations par tranche de 1000 ha devenus irrigables serait utile pour préciser les contextes ; en outre cela corrige l’effet de superficie des cantons plus étendus.

On note alors que 63 de ces cantons ( où les terres irrigables sont inférieures à 30% de la SAU ) se trouvent néanmoins dotés de plus de 1000 ha irrigables. Parmi eux 17 cantons ont équipé 2000 ha, 9 cantons disposent de 3000 ha et 2 cantons comptent même 4000 ha irrigables. Il reste en conséquence, 77 cantons à surface irrigable inférieure à la fois à 1000 ha et à 30 % de la SAU, soit 42,7 % des cantons de la région ; certains d’entre eux semblent par contre plus concernés par le drainage et les cultures fourragères.

Quelques cantons sont restés à l’écart du développement de l’irrigation. Particulièrement les 18 cantons qui ensemble n’ont pas rendu irrigable 500 hectares, soit 0,1 % de la surface irrigable de la région.

Dans ces diverses situations les exploitants devraient être progressivement amenés d’une part à prendre en compte la vulnérabilité de la ressource en eau et d’autre part à réduire ou maîtriser voire compenser les pratiques à risques. Mais la restauration d’une situation dégradée nécessite des mesures contraignantes, collectives et longues. Dés lors, il apparaît opportun d’identifier les secteurs où l’intensification qui est le fait des initiatives individuelles doit faire l’objet d’une analyse globale à l’échelle des milieux aquatiques et naturels concernés. L’attention des filières et des entreprises associées à ce développement est appelée sur la gestion des risques au fur et à mesure de l’évolution des modes de production. Ce recensement général de l’agriculture fournit une belle opportunité et offre une alternative à la réponse réglementaire aux dégradations les plus avancées.

 
DRAINAGE – IRRIGATION : DES LIAISONS DANGEREUSES
Retour en haut de pageAfficher la carte correspondante
 

De nombreux cantons cumulent des superficies drainées et irrigables ainsi que l’illustre une carte régionale spécifique.

Les statistiques ne permettent pas d’identifier si les terres sont simultanément drainées et irriguées. Mais lorsque à l’échelle d’un canton on compte plusieurs milliers d’hectares drainés et irrigués, il y a lieu d’approfondir cette approche pour veiller aux incidents conjugués sur la ressource en eau.

Ainsi on peut relever quelques cantons où cette concomitance devrait appeler notre attention :

Avec des différences aussi conséquentes entre l’aménagement des sols ou la sollicitation de la ressource en eau, apparaissent les extensions les plus extrêmes, à l’origine d’un contraste remarquable qui devrait s’assortir d’observations locales plus approfondies.

Carte au format PDF:Afficher la carte correspondante

 
DRAINAGE (Ha)
IRRIGABILITE (Ha)
AMILLY
3200
3200
AUBIGNY SUR NERE
2400
2300
CHATEAUNEUF/LOIRE
2900
2700
CHATILLON COLIGNY
7700
7300
LOCHES
4400
3900
LORRIS
6400
5400
BEAUNE LA ROLANDE
4800
6100
BAUGY
4200
4900
SULLY SUR LOIRE
4996
5100
 
Ha Drainés
Ha Irrigables
BROU
16000
2000
CLOYES SUR LE LOIR
12000
6000
BRIARE
5800
3300
VOVES
2500
27000
CHATEAUDUN
6700
12500
BONNEVAL
5600
15600